mardi 4 juillet 2017

Débats autour d'un étude biblique contextualisée

Depuis le début de l’Assemblée générale, la thématique de la justice est omniprésente. Elle est célébrée et prêchée comme un essentiel, plaidée et affirmée comme axe central de l’action de la CMER. Cette thématique fait écho à l’attention particulière que Calvin accordait à l’éthique, à une vie juste œuvrant pour une justice partagée par tous. Cette thématique fait résonner la confession d’Accra (2004) appelant les Églises réformées à adopter une position dans la foi dénonçant comme péché l’injustice du système économique global actuel sanctuarisant l’intérêt d’une minorité au détriment du plus grand nombre. Au gout de certains, l’omniprésence de la question de la justice est trop exclusive, relayant dans les marges de l’oubli d’autres aspects essentiels à l’Evangile et à la vie de L’Église.

Et voilà que hier matin, lors de l’étude biblique du pasteur Mitri Raheb (Église évangélique luthérienne de Bethléem) à propos de Luc 4,14-21, les fronts bougent.
Le pasteur Mitri Raheb (c) CMER
En effet, regrettant que les lectures de ce passage étaient habituellement trop spiritualisées, Mitri Raheb a délibérément contextualisé son interprétation. Il l’a fait en évoquant le contexte du propos de Jésus prononcé dans une Palestine occupée par les romains, contexte non sans similitude avec le sien de palestinien vivant depuis 50 ans sous l’occupation. Il a commencé par reconnaître dans ce passage de l’Evangile de Luc l’expression d’un concept missionnaire de Jésus déployé en 5 points :
- annoncer la bonne nouvelle aux pauvres
- délivrer les captifs
- rendre la vue aux aveugles
- libérer les opprimés
- proclamer l’année de grâce du Seigneur.

Il s’est ensuite interrogé sur l’application de ces 5 points à la situation des Palestiniens. Conscient que la situation de son peuple dure maintenant depuis 50 ans et qu’elle est aujourd’hui bloquée, il a plaidé pour une espérance en action. Sans action, l’espérance n’est qu’opium du peuple. Contestant que l’érection de l’État d’Israël corresponde à une volonté de Dieu, il a suscité un vif débat. Et voilà qu’au moment où la question de la justice devient concrète, des voix s’élèvent, critiquant une lecture trop politique, regrettant l’absence de dimension spirituelle dans l’interprétation, voire demandant une lecture plus spirituelle de ce passage.

Le débat s’anime, des voix de tous les continents s’élèvent et s’engagent dans la discussion. La communion vit, débat, se construit…

Christian Krieger

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